Hauts potentiels, multipotentiels et autres « zèbres » : qui sont les profils atypiques ?

Interview inspirante de Sandra Poisson
8 novembre 2019
L’ennui au travail ou bore-out, quésako ?
29 novembre 2019
Interview inspirante de Sandra Poisson
8 novembre 2019
L’ennui au travail ou bore-out, quésako ?
29 novembre 2019
 

Hauts potentiels, multipotentiels et autres « zèbres » : qui sont les profils atypiques ?


On les appelle les « zèbres », les atypiques ou les hauts potentiels. Ils intriguent, suscitent l’admiration ou le rejet, et font l’objet de préjugés en tout genre. Mais qui sont ces jeunes ou ces adultes que l’on appelle les « zèbres »et que l’on connaît finalement peu ?

« Zèbre », qui es-tu ?

Quand vous pensez aux hauts potentiels, le premier réflexe est de prêter à ces personnes des aptitudes intellectuelles hors norme, un QI qui frôle le plafond. Cet imaginaire collectif qui les place dans une sorte de zénith de l’intelligence est pourtant réducteur, car les hauts potentiels sont bien plus que cela : des personnalités complexes et singulières. Mais comme il est difficile de figer le portrait de nos atypiques, intéressons-nous à ce qui les distingue.

Leur fonctionnement cérébral tout d’abord. Avoir une idée pour eux n’est pas juste avoir une idée car leur cerveau est en ébullition permanente. Chaque pensée en appelle une autre, puis une autre, sans fin annoncée. Ne vous étonnez donc pas de les voir commencer leur réflexion sur un sujet pour la terminer sur un autre complètement différent. Et s’ils ont l’air absent, rassurez-vous, ils réfléchissent juste et se laissent voguer au gré de leurs pensées en arborescence. Pas toujours simple de rester concentrés ni de s’organiser pour eux, quand les associations d’idées rivalisent de vitesse et que tout bouillonne à l’intérieur.

Aussi, l’autre mot qui pourrait résumer leur personnalité est « trop ». Quand vous êtes émotif, les « zèbres » sont trop sensibles. Quand vous aimez le respect, eux ne supportent aucune injustice. Quand vous êtes contents ou tristes, ils explosent de bonheur ou de colère. Les comprendre, c’est donc savoir que leurs réactions disproportionnées pour vous font partie de leur ADN.

Côté relations, c’est un peu la même chose. Très jeune, le haut potentiel ressent qu’il n’est pas tout à fait pareil, qu’il est en décalage. Alors il s’adapte ou s’isole. Certains atypiques vont ainsi tenter d’être à tout prix comme les autres, au point de s’oublier parfois pour se fondre dans la masse. Pour d’autres, impossible d’entrer dans le costume de quelqu’un qu’ils ne sont pas. Ce sont eux que l’on voit seuls dans la cour de récréation ou qui prendront leur déjeuner à l’écart.

"on prend en compte un peu plus qu’avant les profils atypiques"

 

Une adaptation impossible ?

Avec 1 à 2 enfants par classe et 2% de la population générale, la question de la précocité intellectuelle commence à fleurir les débats. Autrefois tombés dans les oubliettes de la société, on prend en compte un peu plus qu’avant les profils atypiques, de plus en plus nombreux à être détectés.
Pourtant même si des progrès existent, il n’en reste pas moins que les « zèbres » ont besoin d’être accompagnés, qu’ils soient enfants ou adultes. En effet, comment trouver sa place en classe quand on a appris à lire tout seul et qu’on s’ennuie ? Comment expliquer à ses amis qu’on les aime bien mais qu’on ne les comprend pas toujours ? Comment justifier enfin à son chef qu’on lui a coupé la parole en pleine réunion car sa démonstration était fausse ? En cela, les « zèbres » ont besoin d’être accompagnés car, pour bien vivre avec les autres, il est primordial qu’ils se connaissent et acceptent cette personnalité atypique. N’est-on pas tous différents après tout ? Alors pourquoi pas eux ?

De plus, on les imagine souvent avec des parcours de golden boys ou dans les plus grandes écoles. Certains sont certes brillants, mais beaucoup rencontrent des difficultés scolaires et se sentent mal sur le marché du travail. 50% des enfants précoces sont d’ailleurs considérés en échec scolaire après la 3ème. Manque de confiance, difficultés motrices, troubles de l’apprentissage, etc., pas toujours facile d’être un « zèbre » !
Et au travail, les choses se compliquent aussi régulièrement. Quand l’adulte à haut potentiel intègre la vie active, il n’est pas rare que son parcours soit chaotique. Très à cheval sur l’intégrité et le respect, il tombe de haut quand il voit comment sont quelquefois considérés clients ou employés. Et comme ils ont une grosse capacité de travail et qu’ils ont du mal à dire non, les abus sont également fréquents. Ils feignent ainsi le conformisme, mais ils recherchent du sens dans tout, et sont dans l’incompréhension de leur environnement et de ce qu’on attend d’eux.
Néanmoins, se cachent aussi des « zèbres » bien dans leurs baskets. On en parle moins car ils ne font pas de vagues. Ils ont décroché leur diplôme haut la main, ont un bon job, et sont heureux d’être qui ils sont, alors pourquoi s’en préoccuper après tout. Parmi eux, une bonne part a été détectée, suivie, épaulée. Ils ont appris à vivre avec cette personnalité atypique et à en faire leur force. L’accompagnement dès l’âge scolaire apparaît alors comme salutaire pour bien vivre la douance et pour trouver sa place dans une société qui n’aime pas toujours que l’on sorte des clous.

S’adapter, se fondre dans la masse plutôt que de revendiquer qui l’on est vraiment ; une problématique rencontrée par beaucoup de nos petits et grands « zèbres ». Or, la connaissance de leur fonctionnement et un accompagnement précoce est peut-être le point de départ d’une vie épanouie, d’une vie qu’ils peuvent réimaginer. Et quand on observe le nombre de « zèbres » qui, une fois adultes, plaquent tout pour faire ce qu’ils aiment, pour reprendre des études ou créer leur boîte, on se dit qu’il y a toujours de l’espoir, beaucoup d’espoir !


Vos données sont en sécurité, à tout moment vous pouvez vous désinscrire.

Laisser un commentaire